Stream Building : un bâtiment-manifeste à la conception bioclimatique

Le Stream Building a pris place dans un quartier récent puisqu’entièrement construit au XXIe siècle, à l’emplacement d’une ancienne friche ferroviaire du 54 ha. Il a été pensé pour renforcer l’activité et les continuités urbaines au nord de la Zac Clichy-Batignolles, connecter les territoires du Grand Paris, créer une fluidité entre l’intramuros et l’extramuros de la capitale mais aussi en articulation avec le TGI. Comme l’indique l’architecte, « L’enjeu était de faire de ce carrefour une nouvelle centralité en lui apportant la vie et les aménités dont il manquait (…). Bâtiment-ressource, le Stream Building réunit dans une même enveloppe toutes les activités d’une vie urbaine mixte et dense, dans l’esprit de la ‘ville du quart-d’heure’. Il offre un lieu pluriel, hybride et hospitalier, inspiré par les mutations des modes de vie contemporains, mixant services, travail, hôtel et espaces collectifs. »

Mixité, flexibilité, réversibilité et… végétalisation

Pour concrétiser ces ambitions, le bâtiment accueille en rez-de-chaussée des commerces et un local de coworking pour les associations du quartier. Ce socle est surmonté de cinq niveaux de bureaux bénéficiant d’un tiers-lieu, le Stream Café, conçu comme un espace d’accueil, de rencontre et de détente, mais aussi de réflexion, s’appuyant sur une bibliothèque. Les derniers étages sont occupés par une résidence hôtelière de nouvelle génération, opérée par Zoku. Ses micro-appartements – pensés pour des séjours de moyennes durées –, sont à la fois des lieux de vie et de travail, complétés de nombreux services et espaces partagés, salle de sport, game room, cuisine ouverte… adaptés aux travailleurs nomades. Depuis l’accueil de Zoku, un bar-restaurant accessible à tous ouvre sur une terrasse offrant un cadre végétalisé. Enfin, au dernier niveau, la toiture technique accueille aussi bien une centrale photovoltaïque qu’un potager, sans oublier les façades qui se parent de végétaux.

Le bâtiment a été envisagé comme un organisme productif, qui transforme ses ressources selon les logiques de l’économie circulaire. Les espaces végétalisés, conçus, installés et exploités par Topager, permettent non seulement d’apporter de la fraîcheur, de participer à la gestion des eaux pluviales, d’accueillir la biodiversité et d’offrir des espaces de bien-être mais aussi de fournir in situ des denrées pour le restaurant et les occupants des bureaux, de brasser 20 000 L de bière annuellement sur place et de profiter du compostage des déchets organiques de tout le bâtiment.

Le végétal en façade : rôle bioclimatique et productif, lui aussi

La façade côté TGI, orientée sud-ouest, est constituée de jardinières suspendues par des câbles en inox qui les relient les unes autres, permettant une continuité du sol – au pied de l’immeuble, un aménagement paysager en pleine terre s’est niché près du parking à vélo - aux toitures. On y trouve quatre strates de végétaux réparties en 33 espèces totales implantées sur la façade :

• Des plantes grimpantes comme la vigne vierge, le jasmin officinal et étoilé, des clématites, espèces caduques et persistantes, disposées avec des variations de densité pour faire plus ou moins passer la lumière ;
• Des arbustes comme les céanothes, le chèvrefeuille d’hiver, le romarin retombant, le fusain d’Europe,
• Des couvre-sols tels que la sagine, les pervenches, les campanules ou le lierre terrestre ;
• Quelques vivaces fleuries : valériane rouge, scabieuse, sauge des près

Côté sud-est, une houblonnière offre une protection thermique passive, laissant passer la lumière en hiver et offrant son ombre en été. Le houblon a été planté dans des jardinières suspendues et grimpe grâce à des cordes de chanvre. Il est récolté en octobre pour la micro-brasserie qui se trouve sur place et produit la… Stream Beer ! Les résidus du brassage – les drêches – auxquels s’ajoutent les déchets organiques du Stream Building, sont valorisés dans un composteur situé dans un composteur électromécanique en sous-sol, le compost étant utilisé pour les cultures en toiture.

Un potager en circuit court

« Des planches de culture ont été installées pour circonscrire le substrat plus épais à ces endroits-là et pour nous permettre d’installer des arceaux ou des voiles de forçage », précise Julie Delobel, Responsable pôle conception chez Topager. Les chemins de circulation sont eux aussi végétalisés mais sur une moindre épaisseur de substrat et sans irrigation. Enfin, un linéaire de planche de culture a été installé sous les panneaux photovoltaïques, dans une logique de toiture biosolaire, en choisissant des plantes acceptant l’ombre comme la rhubarbe, le fraisier ou l’oseille.

Les autres planches accueillent de arbustes à petits fruits (framboisier, fraisier et groseillier), des aromatiques sèches (sauge, romarin, thym, laurier, hysope), quelques légumes perpétuels (artichaut, fenouil), des aromatiques fraîches (ciboulette, menthe, basilic, livèche) ainsi que des lavandes.

En termes d’exploitation, celle-ci requiert un passage toutes les semaines entre fin mars et fin octobre et un passage toutes les deux semaines le reste de l’année.

Comme dans un jardin

Tel était le concept pour agrémenter cet espace qui offre une vue impressionnante sur Paris. La végétation arrive ainsi au niveau du platelage, quelques bandes plantées structurant les différents espaces, reliés par des pas japonais. A ces endroits, circulables, des couvre-sols résistants au piétinement ont été plantés (thym hirsute et serpolet, lippia). D’autres zones, avec une végétation plus dense, bénéficient d’une épaisseur de substrat plus importante, favorable à la biodiversité. Conçues dans un esprit paysager, elles accueillent des lavandes, des romarins, de la verveine de Buenos Aires, de la vipérine, des gauras, et quelques graminées (fétuque) ou des euphorbes.

La terrasse est ponctuée par de petites jardinières qui jouent le rôle d’échantillons de ce que l’on retrouve en toiture potagère : on y trouve de petits fruits ou des aromatiques fraîches que le chef du restaurant ou les usagers de la terrasse peuvent cueillir.

 

La dimension expérimentale du Stream Building se poursuit dans le temps, puisque Topager et PCA-Stream mènent des études sur la mesure de la biodiversité et la qualité des productions agricoles au sein du bâtiment. Ainsi, Topager évalue annuellement la biodiversité présente sur site par l’intermédiaire d’inventaires (arthropodes, pollinisateurs, oiseaux) sur l’ensemble des espaces verts. La qualité (test organoleptiques réalisés avec les usagers du bâtiment, vérification de l’absence de polluants) et la quantité des produits issus du toit et de la brasserie sont également mesurés et consignés dans un rapport.