Présentation

Pv

Les toitures végétales ont montré tous les services écosystémiques qu’elles pouvaient apporter, tout particulièrement dans un environnement urbain dense minéralisé : îlot de fraîcheur, gestion des eaux pluviales, accueil de la biodiversité, préservation de la santé et du bien-être.

En parallèle, s’est ajoutée la nécessité d’avoir recours à des énergies décarbonées pour réduire l’émission de gaz à effet de serre. Les toitures peuvent également accueillir des centrales de production photovoltaïque ou solaire thermique, solution d’autant plus bienvenue que la fourniture d’énergie s’est tendue au plan international.

Mais pourquoi ne pas combiner les deux solutions ?

Une toiture biosolaire est une toiture accueillant sur la même surface, de la végétation et des panneaux photovoltaïques ou solaires thermiques, l’un au-dessus de l’autre, afin d’apporter les services de l’un et de l’autre, mais aussi de bénéficier de synergies positives que sont :

  • L’optimisation de l’espace disponible si précieux en ville ;
  • L’augmentation de la production d’énergie électrique, grâce à l’évapotranspiration du complexe de végétalisation qui permet de rafraîchir les panneaux photovoltaïques en sous-face ;
  • La diversification du couvert végétal et de la biodiversité, grâce aux zones d’ombrage induites par les panneaux photovoltaïques.

Les toitures dites « biosolaires » - Toitures végétalisées biodiverses et solaires – sont encore naissantes en France et l’Adivet accompagne ce développement en travaillant à la rédaction d’un guide de conception à paraître en 2025.

Les systèmes

Remarque préliminaire : La juxtaposition de surfaces végétalisées et de panneaux solaires, sans superposition, constitue des toitures multi-usages, et non pas des toitures biosolaires.

Différentes approches de conception de toitures biosolaires existent à ce jour :

  • « A faible hauteur » ou « surélevé » par rapport à la végétalisation
    • Ces toitures biosolaires sont des toitures inaccessibles ou techniques, l’accès étant restreint aux seuls professionnels en charge de l’entretien de la centrale PV, de la végétation, des équipements divers et de l’ouvrage d’étanchéité.
    • La végétalisation est extensive ou semi-intensive.
    • Les solutions se distinguent les unes des autres par l’ombrage et la répartition des pluies apportés à la végétation.

Systèmes « à faible hauteur »

Syst Faible Hauteur Ensemble

Système « surélevé »

Panneau 5 ©topager

  • En pergola par rapport à la végétalisation.

Les toitures biosolaires peuvent alors être des toitures dites inaccessibles, techniques ou accessibles.

Dans le cas où la toiture est accessible :

  • Le contact direct des usagers de la toiture avec la centrale photovoltaïque et les ouvrages d’étanchéité ne doit pas être possible.
  • La végétalisation sous la centrale photovoltaïque peut se concevoir en pleine surface ou en jardinières.
  • La végétalisation sous la centrale photovoltaïque doit représenter au moins la moitié de la surface de la pergola.

Dessin Pergola Panneaux ©topager

Les services écosystémiques apportés par les toitures biosolaires

Ce tableau présente la synthèse des services écosystémiques apportés par les toitures biosolaires, en fonction du système retenu et en précisant les facteurs qui influent sur les services rendus par celui-ci.

Légende :
PV : photovoltaïque
ST : solaire thermique

 

PV/ST « faible hauteur » ou « surélevé » par rapport à la végétalisation.

Toitures biosolaires avec PV/ST « pergola »
par rapport à la végétalisation

Bénéfices attendus

 PV/ST « faible hauteur » 

PV/ST « surélevé »

Production électrique

Effet de l’évapotranspiration sur la production électrique

+ à +++

 

+ à ++

+

 

Facteurs impactants

Disponibilité (capacité de rétention) en eau au niveau du complexe de végétalisation
Ventilation naturelle de la sous-face des modules PV/ST
Types de plantes choisies
Distance entre végétation et modules PV/ST

Accueil de la biodiversité

Flore/ Faune

+ à ++

 

++ à +++

++ à ++++

 

Facteurs impactants

Nombre de strates végétales
Diversité des espèces (nombre de familles de plantes)
Support de culture : épaisseur, composition
Disponibilité en eau au niveau du complexe de végétalisation
Ombrage des panneaux (hauteur, inclinaison, concentration)
Mode d’entretien du couvert végétal
Fréquentation si toiture accessible

Gestion des eaux pluviales

Abattement d’évènements pluvieux

+ à ++

+ à ++

+ à ++++

Facteurs impactants

Hauteur et nature de support de culture
Système de rétention d’eau

Evapotranspiration

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Facteurs impactants

Demande de végétation en eau (strates multiples)
Hauteur et nature de support de culture
Système de rétention et de restitution d’eau

Répartition de l’eau

+++

+++

++

Facteurs impactants

Possibilité pour l’eau à traverser le champ photovoltaïque et de s’infiltrer directement dans le support de culture
Présence de couche de stockage complémentaire sous support de culture assurant une répartition et une restitution des eaux pluviales sur l’ensemble de la surface.

Lutte contre les ilots de chaleur urbains

Rafraîchissement lié à l’évapotranspiration

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Facteurs impactants

Types de plantes choisis (évapotranspiration produite par le couvert végétal)
Hauteur et nature de support de culture
Système de rétention et de restitution d’eau
Apports en eau (pluies, par arrosage via un système d’irrigation utilisant éventuellement des eaux grises)

Amélioration de la qualité de l’air

Fixation des particules atmosphériques

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Facteurs impactants

Présence de strate arbustive
Morphologie des feuilles
Diversité des plantes

Captation CO2, O3, NOX, SOx

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Facteurs impactants

Type de plantes
Ressources nécessaires à l’activité photosynthétique (eau, lumière)

 

Santé bien-être

Bénéfices sur la santé mentale et le bien-être physique et émotionnels, lien social, éducation environnementale

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Esthétique urbaine

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Confort acoustique (intérieur et extérieur du bâtiment)

+ à ++

+ à ++

+ à +++

Non-prolifération des moustiques

++

++

++

Facteurs impactants sur l’ensemble des bénéfices « Santé Bien-être »

Visibilité de la toiture
Accessibilité de la toiture
Epaisseur du support de culture
Diversité de la palette végétale (strates, couleurs des feuillages et des fleurs, senteurs, comestibilité, persistance des feuillages, etc.)
Traitement spécifique des points singuliers évitant le développement des larves de moustiques

Bénéfices sur le bâtiment

Réduction de la consommation énergétique (climatisation) et amélioration du confort d’été

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Allongement de la durée de vie de l’étanchéité

++

++

++

Valorisation immobilière

+ à ++

+ à ++

+ à ++++

Facteurs impactants sur l’ensemble des bénéfices sur le bâtiment

Epaisseur du support de culture et ses capacités de rétention en eau
Diversité de la palette végétale
Capacité d’évapotranspiration et d’évaporation du complexe de végétalisation
Accessibilité de la toiture (pour la valorisation immobilière)
Entretien de la toiture végétale et du dispositif PV/ST

Nouveaux espaces de culture disponibles

Développement des cultures agricoles en ville

Difficilement envisageable

+ à ++

++ à ++++

 

Facteurs impactants

Apports d’eau (pluies, irrigation)
Ombrage apporté par les panneaux
Nature et épaisseurs du support de culture
Espace disponible pour la croissance végétale et supports de plantes
Espaces de circulation

Réponses aux obligations réglementaires

Loi Climat et Résilience : Obligation de végétaliser ou d’installer un dispositif d’énergie renouvelable

+++

+++

+++

RE2020 : optimisation des performances énergétiques des bâtiments, garantie du confort d’été en cas de forte chaleur

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

Décret tertiaire : réduction de la consommation énergétique des bâtiments

+ à ++

+ à +++

+ à ++++

PLU et PLUi : obligation de végétaliser et de gérer les eaux pluviales

+++

+++

+++

 

La réglementation

Les toitures biosolaires permettent de répondre aux exigences réglementaires suivantes :

  • La loi Climat et Résilience, complétée par la loi APER, et les arrêtés et décrets des 18 et 19 décembre 2023 : ces différents textes obligent à végétaliser ou à installer un dispositif d’énergie renouvelable, en neuf et dans le cas d’une extension ou d’une rénovation lourde. Les toitures biosolaires y répondent donc… doublement !

Sont concernés les entrepôts, les bâtiments industriels, les hangars avec une exploitation commerciale, les bâtiments artisanaux, les bureaux et, à partir du 1er janvier 2025, également les hôpitaux, les bâtiments culturels, sportifs et récréatifs, ainsi que les bâtiments administratifs et éducatifs.

La surface de toiture concernée est de minimum 30 %, puis 40 % (2026) et 50 % (2027).

Enfin, à partir du 2028, tous les bâtiments existants correspondants à ces typologies seront concernés.

  • La RE2020 : les toitures biosolaires étant un levier direct pour répondre à deux des trois grands enjeux fixés, à savoir l’optimisation des performances énergétiques des bâtiments et la garantie du confort d’été en cas de forte chaleur.
  • Le décret tertiaire, en répondant aux objectifs de réduction de la consommation énergétique fixés par ce décret.
  • Les exigences locales (PLU, PLUi) comme le PLU bioclimatique de Paris.

Le financement

On retrouve l’ensemble des dispositifs mis en place pour accompagner la végétalisation du bâti, dont les toitures-terrasses. A ce jour, en France, il n’existe pas de dispositif propre aux toitures biosolaires.

L’Europe peut apporter son aide, que ce soit via le Feder (Fonds européen de développement régional) ou le programme LIFE, instrument financier de la Commission européenne entièrement dédié à soutenir des projets dans les domaines de l’environnement et du climat.

En France, les agences de l’eau, réparties selon les six bassins hydrographiques majeurs en France métropolitaine, peuvent accompagner, notamment financièrement, les projets de végétalisation du bâti dès lors qu’ils apportent de façon argumentée une amélioration en termes de gestion des eaux pluviales. Chaque agence de l'eau a un dispositif propre que vous pouvez découvrir ici

Les régions et départements peuvent aussi s’être dotés de programmes ou de dispositifs qui, pour certains peuvent avoir un volet financier, pour aider les projets de végétalisation du bâti, parce que ceux-ci permettent l’accueil de la biodiversité et/ou qu’ils sont favorables à la gestion des eaux pluviales et/ou la lutte contre l’îlot de chaleur urbain. Par exemple, la Région Ile-de-France subventionne certains projets de végétalisation de toiture afin de favoriser la création d'îlots de fraîcheur. Pour en savoir plus, cliquez ici

Le fonds vert

Il est destiné à financer des projets présentés par les collectivités territoriales et leurs partenaires publics ou privés dans trois domaines : performance environnementale, adaptation du territoire au changement climatique et amélioration du cadre de vie.

Infos générales sur le Fonds vert

Au plan local, certaines communes ou métropoles proposent des dispositifs en faveur de la végétalisation du bâti.

Paris : dispositif CoprOasis

Porté par la Ville de Paris, il s’agit d’un dispositif d’accompagnement technique et financier pour les copropriétés qui souhaitent réaliser un projet de désimperméabilisation/végétalisation dans leurs cours ou sur leurs toitures terrasses.

Ce dispositif finance de façon indépendante :

  • Les études préalables (faisabilité et conception) : subvention forfaitaire de 5000€
  • Les travaux :
    • pour les toitures terrasses, il faut une hauteur de substrat d’au moins 10cm. Selon la hauteur de substrat, la subvention peut aller de 30 % à 50 % du montant HT des travaux
    • pour les cours d’immeuble, le projet doit permettre d’abattre les eaux pluviales, maintenir la végétation existante et avoir 2 strates de végétation. Les subventions peuvent aller de 30% à 60% du montant total des travaux selon l’ambition du projet.

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