L’arrosage des toitures et terrasses végétalisées (2/2)
Second volet d’Echo du Bâtiment Végétalisé consacré à l’arrosage, ce numéro détaille les dispositions à prendre en fonction de l’étape de projet où l’on se trouve, de la situation géographique de celui-ci et du type de végétalisation installée.
Arrosage de la végétalisation extensive et zones climatiques
Si, d’une façon générale, en France européenne, les systèmes de végétalisation extensive sont conçus pour permettre la pérennité des végétaux d’une façon autonome sous le climat et la pluviométrie locale, il est nécessaire de compléter la pluviométrie naturelle dans certaines régions compte tenu de la fréquence insuffisante des pluies pendant la période végétative.
Ainsi, deux zones se dessinent :
Carte simplifiée des besoins en arrosage des toitures végétalisées extensives
- Une zone représentée en blanc où la pluviométrie suffit normalement aux besoins hydriques des plantes, sauf données spécifiques requérant d’arroser (voir ci-dessous) ;
- Une zone représentée en bleu où l’arrosage en période estivale est nécessaire en complément de la pluviométrie, zone correspondant principalement au pourtour méditerranéen.
Réalisation dans le Var nécessitant un arrosage régulier
Critères de décision pour mettre en place un système d’arrosage
Si la mise en place d’une irrigation spécifique est avant tout liée à la situation climatique de la toiture, d’autres critères peuvent entrer en ligne de compte :
- Critères liés à des attentes spécifiques du maître d’ouvrage : dimension esthétique, confortement de la période de floraison, élargissement de la palette végétale et accueil de la biodiversité, lutte contre l’îlot de chaleur urbain et confort thermique, cas particulier d’une toiture potagère, etc. ;
- Critères liés au site, à la toiture et au système de végétalisation : zone à faible pluviométrie, microclimat du site (zone ventée, ombre, etc.), exposition des versants de la toiture, pente éventuelle du système de végétalisation, besoin en eau de la végétation prévue au projet, épaisseur de substrat et capacité de rétention en eau, réserve d’eau complémentaire du système de végétalisation (par exemple, stockage sous-jacent).
Compte tenu de l’évolution saisonnière des précipitations ces dernières années, il est recommandé de prendre en compte de manière rigoureuse chacun des critères ci-dessus en amont de la mise en œuvre afin de déterminer les besoins éventuels en arrosage d’un projet : périodes, doses et fréquences ainsi que les techniques d’arrosage appropriées (cf. le numéro d’Echo du Bâtiment Végétalisation précédent).
Arrosage par asperseur Arrosage par goutte à goutte Mise en place d’une natte d’irrigation
Arrosage de sauvegarde pour une végétalisation extensive
L’arrosage est obligatoire dans les cas où le système de végétalisation ne permet pas aux végétaux de couvrir leurs besoins en eau pour résister au stress hydrique, même lorsque l’on se situe en dehors du bassin méditerranéen, lors d’épisode de sécheresse et/ou de canicule, comme l’été 2022 l’a montré. On parle d’arrosage de sauvegarde de la végétation.
L’arrosage est également justifié pour toute toiture végétalisée extensive pour compléter la pluviométrie à des moments spécifiques du développement des plantes :
- A la mise en œuvre des végétaux : semis, plantés ou précultivés ;
- Jusqu’à ce que l’enracinement des végétaux ou des tapis précultivés dans le substrat soit suffisant.
Arrosage d’une végétalisation semi-intensive
En dehors de la période hivernale, il est nécessaire de prévoir un arrosage plus régulier pour ce type de végétalisation. Il est généralement mis en œuvre à l’aide d’un système d’irrigation automatique.
Même s’il existe des systèmes de végétalisation semi-intensive qui, de par la nature du substrat et la palette végétale, peuvent autoriser une partielle ou totale autonomie, il importe de veiller au stress hydrique des plantes en cas de sécheresse et/ou canicule pour intervenir de façon ponctuelle.
Solutions innovantes pour préserver la ressource eau
Afin de gérer au mieux la ressource eau, des solutions existent pour :
- Limiter le débit des dispositifs d’irrigation en privilégiant des technologies de type bas débit
- Stocker l'eau de pluie en toiture (sous la végétalisation des structures de stockage par exemple) et la mettre à disposition des végétaux par capillarité (ce qui a également l’avantage d’écrêter les pics de pluviométrie et, ainsi, de réduire le rejet vers les réseaux d’assainissement ;
- Réutiliser l’eau de pluie stockée dans des cuves au sol du projet dans le cadre des nouvelles dispositions des règlements d’urbanisme intégrant la gestion des eaux pluviales à la parcelle.
- Mettre en place une « smart irrigation » ou irrigation intelligente qui s’appuie sur des sondes qui suivent l’humidité du substrat, ces sondes étant reliées à un ordinateur qui collecte également les données météorologiques et permet le pilotage à distance du déclenchement ou non de l’arrosage.
Sonde météo en toiture
L’eau est une ressource précieuse – la sécheresse de l’été 2022 l’a à nouveau montré – et il s’agit de la préserver. Les maîtres d’ouvrage et d’œuvre doivent donc veiller à éviter d’avoir recours à l’eau potable pour alimenter les toitures végétalisées et interroger d’autres possibilités, par exemple la récupération et le stockage des eaux pluviales ou bien la réutilisation des eaux grises, voire noires. Des pistes d’innovation pour les prochaines années…