La couche végétale (1/2)

Dernier composant du système de végétalisation qui lui donne notamment son aspect esthétique, la couche végétale. Comme l’a montré le récent colloque organisé par l’Adivet « Bâti végétalisé et biodiversité urbaine », c’est la strate végétale qui, en complément des espaces verts au sol et des façades végétalisées, permet l’accueil de la biodiversité.
La présentation de la végétation s’étendra sur ce numéro et le suivant.

Système de végétalisation type

Couche végétale, végétalisations extensive et semi-intensive

La couche végétale est constituée par l’ensemble des végétaux installés en toiture, adaptés au complexe de culture, aux conditions climatiques et à leur environnement en toiture.

Pour constituer celle-ci ainsi que son mode de mise en œuvre, il faut tenir compte des données climatiques locales, de l’exposition de la toiture et du complexe de culture (Echo du bâtiment végétalisé présentera les différents végétaux qu’on peut implanter en toiture dans le prochain numéro et… ceux qui sont interdits).

En fonction de l’aspect souhaité par le maître d’ouvrage, le choix des végétaux et leur mode de mise en œuvre relève de la responsabilité conjointe du maître d’œuvre, de l’entreprise et du tenant du procédé de végétalisation en prenant en compte les besoins des plantes, le niveau d’entretien possible et la possibilité d’arrosage.

Les RP TTV distinguent la végétalisation extensive de l’intensive, sachant que la végétalisation intensive n’est pas visée par les RP TTV (cf. DTU 43.1) ni l’agriculture urbaine en toiture qui fait l’objet de Recommandations Techniques spécifiques de la part de l’Adivet.

 

Systèmes de végétalisation extensive

Les systèmes de végétalisation extensive constituent un tapis végétal permanent qui s’adapte progressivement à son milieu et fonctionne de façon quasi autonome. Ce tapis végétal est obtenu par une association de plantes spécialement adaptées qui se reproduisent in situ. Dans ce contexte d’adaptation tendant vers un écosystème, il est normal que certaines espèces disparaissent partiellement ou totalement au profit d’autres espèces (sélection naturelle).

Les caractéristiques des végétaux concernant ces systèmes sont :

• Aptitude à couvrir le sol ;
• Résistance au gel ;
• Résistance à la sécheresse ;
• Capacité d’auto régénération ou de colonisation.

Moyennant une épaisseur de substrat adaptée et un programme d’entretien accepté par le maître d’ouvrage, les catégories de végétaux à utiliser sont principalement des plantes vivaces - parmi lesquelles les espèces du genre Sedum occupent une place importante - et éventuellement des annuelles, des bisannuelles, des bulbeuses et rhizomateuses, des bryophytes (mousses) ou des plantes ligneuses à petit développement.

Le poids propre des végétaux à « CME » utilisés en végétalisation extensive est pris forfaitairement égal à 10 daN/m². Il fait partie du poids du système de végétalisation à CME communiqué par le tenant du procédé.

 

Exemples de réalisations en végétalisation extensive

Système de végétalisation semi-intensive

Les caractéristiques des végétaux concernant ces systèmes sont :

• Présenter un intérêt ornemental ;
• Résister au gel ;
• Résister à la sécheresse.

Outre les végétaux précédemment cités pour la végétalisation extensives, on peut également avoir, en semi-intensif, des graminées, des vivaces ligneuses à plus grand développement.

A noter que les RP TTV ne visent ces systèmes que pour des pentes maximales de 5 %.

Concernant le poids propre des végétaux en système de végétalisation semi-intensive, ils sont répartis en deux catégories :

 

Exemples de réalisations en végétalisation semi-intensive

 

Mise en œuvre de la couche végétale

Pour les systèmes extensifs

Différents modes de mise en œuvre sont possibles :

1 - Semis

Des semis de graines ou des semences de plantes vivaces ou de graminées sont déposés sur un substrat préparé à cet effet. Le semis relève de la multiplication sexuée des végétaux.

Le semis de fragments (boutures) de Sedum (valeurs usuelles 80 à 100 g/m² selon les espèces) consiste à déposer des fractions végétales susceptibles de s'enraciner sur un substrat préparé à cet effet.

Le semis peut se faire soit manuellement, soit par projection (ensemencement hydraulique). 

 

2 - Plantations

Les plantations consistent à installer dans le substrat des plants dont le contenant, la hauteur et la maturité peut varier :

• Micromottes/minimottes à raison de 15 à 25 unités/m² (jeunes plants cultivés en plaques de culture alvéolées (diamètre 15 à 40 mm ; hauteur 30 à 50 mm).
• Godets : jeunes plants cultivés en contenants appropriés (diamètre 40 à 80 mm, hauteur 40 à 90 mm).
• Conteneurs : plants cultivés en pots de volume d’un litre et plus.

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3 – Solutions précultivées

Elles sont composées d’éléments cultivés en pépinières destinés à être installés sur un ouvrage en vue d’obtenir une couverture végétale immédiate :

• Eléments précultivés à installer sur le substrat ou sur la couche drainante (tapis, rouleaux, plaques/dalles, etc.). Ces systèmes renferment deux couches (couche végétale + substrat) et viennent se positionner sur un substrat lui-même posé sur les couches drainante et filtrante ou directement sur elles pour former un système végétalisé complet.
• Systèmes « tout-en-un » à installer directement sur le revêtement d’étanchéité (bacs, caissettes, etc.). Il s’agit de solutions de végétalisation complètes, précultivées en pépinière, qui rassemblent, dans un même module, l’ensemble des composants d’un système de végétalisation multicouches, c’est-à-dire une couche végétale sur un complexe de culture : couche drainante, couche filtrante et substrat. Ils constituent des solutions extensives ou semi-intensives complètes de végétalisation permettant l’obtention d’une couverture végétale dès l’installation.

Le recours à un mélange des modes de mise en œuvre est également possible afin, par exemple, de renforcer ponctuellement l’attractivité esthétique de la toiture.

 

En fonction du mode de mise en œuvre retenu et de l’entretien, le taux de couverture à prévoir est variable. En effet, des zones très localisées, subissant des contraintes particulières (absence de pluie, couloir de vent, réflexion solaire intense, zone ombragée en permanence, etc.) doivent être considérées comme des zones singulières qui ne rentrent pas dans l’appréciation du taux de couverture global. Elles devront être aménagées en zone stérile ou faire l’objet de dispositions particulières (végétaux adaptés, arrosage, etc.).

Pour les systèmes semi-intensifs

Différents modes de mise en œuvre sont possibles :

• Le plus généralement par plantation de micro-mottes, godets, conteneurs, mottes. Les densités au m² sont différentes en fonction des espèces retenues.
• Par semis (manuel, hydraulique) de graines de plantes vivaces ou de graminées.

Le recours à un mélange des modes de mise en œuvre est également possible.

L’évolution du taux de couverture est variable en fonction des espèces plantées, du mode de mise en œuvre et de la densité de plantation.

 

Dans le cas où le maître d'ouvrage ou le maître d’œuvre souhaite une composition particulière, le maître d'œuvre devra fournir un plan de plantation détaillé. Celui-ci devra préciser les espèces et variétés des végétaux, leur force ou taille, leur densité de semis ou plantation, la délimitation et la composition des différentes zones.

Le maître d’œuvre pourra se faire assister par l'entreprise en charge de la végétalisation, le concepteur du système de végétalisation ou un bureau d'étude spécialisé ; ceux-ci fourniront le plan détaillé.

Exemple de création paysagère sur une toiture semi-intensive non accessible

 

Pendant la phase chantier, l’arrosage est obligatoire pour permettre le démarrage de la végétation. Il est à adapter à la technique retenue de mise en œuvre de la végétation, à la saison et aux conditions climatiques. Un prochain numéro d’Echo du bâtiment végétalisé présentera les différentes solutions d’irrigation des toitures végétalisées.

 

Enfin, jusqu’à réception du chantier par le maître d’ouvrage ou son représentant, l’entretien ou la reprise de la végétation est assurée par l’installateur du système de végétalisation. Cette période doit être la plus courte possible étant donné les nombreux intervenants en toiture en phase chantier. A compter de la réception, un contrat d’entretien est obligatoire pour assurer la pérennité du couvert végétal. Il est recommandé de prévoir un contrat d’entretien dans les pièces du marché de travaux pour une durée d'un à deux ans minimum par l’entreprise de pose ou une entreprise qualifiée.