L’Écho du bâtiment végétalisé n° 70

Le complexe d’étanchéité inclut, outre l’étanchéité elle-même, les éventuels pare-vapeur et isolant. Ce numéro d’Echo du bâtiment végétalisé revient sur les fonctions de chacun de ces composants et leurs caractéristiques dans le cadre d’une végétalisation de toiture.

Schéma d'un système de végétalisation de toiture ou terrasse avec les complexes d'étanchéité et de végétalisation Le pare-vapeur « Écran de protection contre la migration de la vapeur d'eau » (Extrait DTU 43.1).
Sa fonction est d’empêcher la migration de la vapeur d’eau, provenant des locaux sous-jacents, dans le complexe de toiture et ainsi de maîtriser le risque de condensation.
Les panneaux isolants placés sous le revêtement d'étanchéité (voir ci-après) nécessitent généralement la mise en œuvre d’un écran pare-vapeur. Les isolants en pose dite inversée (voir ci-après) ne nécessitent pas de pare-vapeur indépendant puisque, dans ce cas, c'est le revêtement d'étanchéité qui assure la fonction de pare-vapeur. L’isolant thermique « Ouvrage constitué par une ou plusieurs couches de panneaux isolants » (Extrait DTU 43.1).
Sa fonction est de réduire les échanges thermiques entre l'intérieur et l'extérieur des bâtiments.
L’isolation thermique en toiture-terrasse étanchée peut être de deux types :

1 - Les panneaux isolants supports d’étanchéité sur lesquels le revêtement d’étanchéité est mis en œuvre Sont admis les isolants de classe C, niveau de compressibilité défini selon le Cahier CSTB n° 2662_V2. En outre, ils sont visés, par leur Document technique de référence (généralement Document Technique d’application ou DTA), sur l’élément porteur considéré, pour un emploi en support de revêtement de toiture-terrasse jardin, végétalisée ou sous protection lourde. Les isolants supports d’étanchéité peuvent être de plusieurs types :

  • Laine minérale (MW) ;
  • Polystyrène expansé (PSE) ;
  • Polyuréthanne ou polyisocyanurate (PUR ou PIR) ;
  • Verre cellulaire.

2 - Les panneaux pour isolation dite inversée
Ces panneaux, exclusivement en polystyrène extrudé (XPS) sous DTA, se mettent en œuvre au-dessus du revêtement d’étanchéité (en zone humide). Ce type de conception est limité aux pentes ≤ 5 %.

A noter qu’en rénovation, une étude doit être menée pour s’assurer que l’isolant en place est bien de classe C. Dans le doute ou la négative, l’isolation en place doit être remplacée. L’étanchéité « Ouvrage continu destiné à assurer l'étanchéité à l'eau en partie courante et sur les ouvrages particuliers » (Extrait DTU 43.1).
Le revêtement d’étanchéité doit être visé par son DTA pour une utilisation en terrasse-jardin ou toiture végétalisée. Pour ce faire, il doit impérativement être résistant à la pénétration racinaire selon la NF EN 13948 (lire l’encadré ci-dessous) pour toutes les surfaces concernées par l’étanchéité : partie courante, zones stériles et relevés. Il doit par ailleurs présenter un classement I5 dans le cadre du classement FIT défini par la norme NF P 84-354 (F = Fatigue = endurance aux mouvements du support, F5 étant le meilleur classement ; I = Indentation = résistance aux poinçonnements statiques et dynamiques, I5 étant le meilleur classement ; T = Température = tenue au glissement du revêtement sous l’effet de la température, T4 étant le meilleur classement).
L’emploi de géotextiles dits « anti-racine » sur le revêtement d’étanchéité, en substitution de la caractéristique anti-racine selon la norme NF EN 13948 du revêtement en lui-même, est à proscrire.
En rénovation, la réfection du revêtement d’étanchéité est généralement nécessaire, afin de s’assurer de sa compatibilité avec la végétalisation. « Résistant à la pénétration racinaire » : kesako ? La norme NF EN 13948 relative à la pénétration des racines définit la caractéristique de résistance à la pénétration des racines de la manière suivante : « Une feuille d’étanchéité est considérée comme résistante à la pénétration des racines lorsqu’à la fin de la période de l’essai (durée de l’essai 2 ans), on ne constate aucune perforation par les racines, ni aucune pénétration des racines dans la surface courante de la feuille ou des joints, ni aucune pénétration de racines dans les joints. Il est entendu que les plantes d’essai doivent avoir montré une performance de croissance suffisante pendant toute la durée de l’essai ». Il existe plusieurs types de revêtement d’étanchéité pouvant être compatible avec la végétalisation des toitures :

  • Bitume ;
  • PVC-P ;
  • TPO et FPO ;
  • EPDM ;
  • Asphalte coulé (réputés résistants à la pénétration des racines sans essai).

Ces revêtements d’étanchéité peuvent être posés de plusieurs façons, comme stipulé par leur document technique de référence (généralement Document Technique d’application DTA) :

  • En adhérence totale ;
  • En semi-indépendance ;
  • Fixés mécaniquement ;
  • En indépendance, dans le seul cas des revêtements à base d’asphalte.

En tout état de cause, le revêtement d’étanchéité et son mode de mise en œuvre doivent résister aux efforts dus à la dépression au vent s’exerçant sur l’ouvrage, quel que soit le taux de couverture de la végétalisation.

La composition du complexe isolation-étanchéité et son mode de mise en œuvre sont fondamentaux pour assurer la durabilité des terrasses et toitures végétalisées, au même titre que la composition et le mode de mise en œuvre du complexe de végétalisation.